Le contexte économique difficile de ces deux dernières années a permis de remettre le projecteur sur l’importance pour les entreprises de piloter leur trésorerie. Que ce soit pour suivre l’équilibre financier de l’activité ou pour anticiper l’évolution des fonds disponibles de l’entreprise, les prévisions de trésorerie constituent un atout essentiel pour le dirigeant, permettant d’éviter de nombreux écueils et de réagir à temps.
Pourquoi est-il nécessaire de piloter la trésorerie de son entreprise ? Quels sont les horizons de prévisions de trésorerie ? Comment fiabiliser les prévisions de trésorerie ? Pourquoi est-il important d’instaurer une culture cash au sein de l’entreprise ? La trésorerie de l’entreprise peut-elle se dégrader lorsque l’activité augmente ? Comment et pourquoi utiliser les prévisions de trésorerie pour communiquer auprès de ses partenaires financiers ? C’est ce que nous allons vous dévoiler.
Pourquoi est-il nécessaire de piloter la trésorerie de son entreprise ?
Disposer de prévisions de trésorerie fiables permet au dirigeant de prendre des décisions en adéquation avec les ressources de l’entreprise. Une bonne connaissance des engagements récurrents et du cash généré par l’activité normative de l’entreprise permet de prendre des décisions éclairées en matière d’investissement, ou de financement, mais également en termes de négociation des délais de paiement qui ont un impact direct sur le cash de l’entreprise.
C’est aussi un bon moyen d’orienter les plans d’action de son équipe opérationnelle sous le prisme d’un objectif quantifiable commun qu’il est important de respecter.
Enfin, des prévisions de trésorerie apportent de la transparence et de la crédibilité face aux partenaires financiers de l’entreprise.
La gestion du cash est donc un enjeu essentiel pour une entreprise ayant besoin de visibilité quelle que soit son étape de développement. Car une impasse de trésorerie non anticipée a des conséquences très négatives qui peuvent aller jusqu’au défaut de paiement et au dépôt de bilan.
Quels sont les horizons des prévisions de trésorerie ?
Les prévisions de trésorerie se déclinent selon trois horizons, chacun avec un objectif différent :
- Une vision annuelle sur un horizon de 3 à 5 ans au travers d’un tableau de flux de trésorerie. Cette approche permet notamment de définir la stratégie financière de l’entreprise et d’établir un plan de financement adapté aux ambitions stratégiques de la direction générale.
- Une vision mensuelle sur l’horizon du budget annuel ou biannuel de l’entreprise au travers de ses encaissements, décaissements et de son solde de trésorerie fin de mois. Cette approche permet notamment d’avoir une bonne visibilité sur les besoins de l’entreprise en financements court-terme (découvert autorisé, escompte, Dailly, factor, etc.) et de les négocier en temps utile auprès de ses partenaires bancaires.
- Une vision quotidienne reposant sur la mise à jour de l’ensemble des données bancaires de l’entreprise, afin de tenir compte des temps d’encaissements et de décaissements de ses partenaires bancaires en fonction des différents moyens de paiement. Cette approche permet d’optimiser les soldes de trésorerie entre les différents comptes bancaires de l’entreprise (ou du groupe dans le cadre d’un cash-pooling).
Comment fiabiliser les prévisions de trésorerie ? Suffit-il de comparer régulièrement les écarts entre les flux prévisionnels et les flux réels ?
Pour fiabiliser les prévisions de trésorerie, je conseille de confronter le budget mensuel de trésorerie réalisé par le service financier de l’entreprise, aux soldes bancaires réels fin de mois. Cela suppose bien évidemment une révision budgétaire mensuelle, à réaliser en lien étroit avec tous les services de l’entreprise afin de disposer d’un niveau de détail relativement fin, à conjuguer avec la vision macro dont dispose le Directeur Administratif et Financier (DAF), sur les différents enjeux stratégiques et financiers de l’entreprise.
Pourquoi est-il important d’instaurer une culture cash au sein de l’entreprise ?
La trésorerie est vitale pour une entreprise, sans trésorerie, elle ne peut exister. Elle est un levier essentiel permettant de développer sereinement l’activité.
A ce titre, il est important de diffuser une culture cash solide au sein de tous les services de l’entreprise. Il s’agit de sensibiliser l’ensemble des acteurs internes, leur faire comprendre l’importance de la trésorerie et de l’impact de leurs actions sur celle-ci.
Pour piloter au plus juste la trésorerie et réaliser des prévisions robustes, il est impératif d’instaurer une culture cash solide et partagée, qui en période faste, va permettre de faire des choix pertinents en matière de développement et qui en période d’incertitudes, va permettre à l’entreprise d’affronter les aléas avec une vision claire des enjeux et des moyens disponibles.
Communication, sensibilisation, adhésion et contribution sont les maîtres mots de la culture cash.
La trésorerie de l’entreprise peut-elle se dégrader lorsque l’activité augmente ?
Oui, bien sûr. Qui dit progression de l’activité dit également progression des créances clients et des stocks de l’entreprise, particulièrement s’il s’agit d’une entreprise industrielle, pouvant dégrader le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) de l’entreprise et ainsi sa trésorerie. Cela s’applique surtout aux entreprises n’ayant pas suffisamment anticipé la hausse de leur activité, ni optimisé la gestion de leur poste clients, de leurs stocks et/ou de leur poste fournisseurs. C’est pourquoi le cabinet Sycomore Advisory a décidé de développer une nouvelle offre en ce début d’année 2023 basée sur l’identification des leviers d’optimisation du BFR des entreprises, la mise en place de plans d’action et la co-construction d’une culture cash pérenne.
Comment et pourquoi utiliser les prévisions de trésorerie pour communiquer auprès de ses partenaires financiers ?
Les prévisions de trésorerie sont un excellent support permettant d’assurer un dialogue constructif et une relation de confiance avec les partenaires financiers de l’entreprise. Cette relation est plus que jamais importante lorsque l’entreprise traverse un moment critique, une phase d’incertitude et qu’elle a besoin d’un soutien financier.
Il est donc important de communiquer régulièrement avec ses partenaires financiers sur la stratégie de l’entreprise, sur son potentiel de croissance ou à contrario sur ses phases de consolidation de l’existant. Etablir une relation humaine permettra d’échanger sereinement sur toutes les opérations de l’entreprise en s’appuyant sur le budget opérationnel et de trésorerie de cette dernière.
Lorsque nous évoquons les partenaires financiers, il ne s’agit pas uniquement du banquier, qui reste malgré tout le premier acteur vers lequel se tourner en cas de difficulté. C’est un partenaire qu’il est bon de rencontrer plusieurs fois dans l’année afin de lui exposer la dynamique de l’entreprise et de la rendre vivante au travers notamment des prévisions d’exploitation et de trésorerie. Mais d’autres partenaires financiers de l’entreprise sont également à ne pas négliger : actionnaires, obligataires, assureurs-crédit,… Ces partenaires ont également besoin de disposer d’une information précise et régulière sous la forme d’indicateurs clés tels que des prévisions de chiffre d’affaires, de résultat et de trésorerie.
En synthèse
Le pilotage de la trésorerie n’est bien souvent pas la priorité du dirigeant, particulièrement du dirigeant de TPE ou de PME, mais également pour de nombreuses ETI, qui ne dispose pas des équipes suffisantes pour se consacrer à ce chantier en permanente évolution.
Pourtant, les prévisions de trésorerie sont un atout indispensable car elles permettent notamment de construire, avec plus de substance, sa stratégie, d’anticiper au mieux les difficultés, de faciliter la prise de décision en matière d’investissements ou encore de communiquer de manière transparente et constructive avec les partenaires financiers de l’entreprise.
Si vous ne disposez pas du temps nécessaire à leur élaboration et leur révision, sachez que des outils existent et qu’il est possible de vous faire accompagner par un directeur financier à temps partagé sur ce sujet.
Article publié dans l’Informateur Judiciaire – n°7119 – 28 octobre 2022
Article publié dans la Revue Fiduciaire – n°514 – Avril 2023